Les Chroniques de :  Mémoire de marins

Lucien Péron classe 48

Le patron de pêche au large

Au milieu de la guerre, en 1943, Lucien embarque comme mousse avec son père, sur l'Etoile de Riec, voilier-ligneur de 22 m, en bois, équipé pour la pêche au thon.

Les instruments de navigation de l'époque : un compas, une montre, un sextant et un loch. Tous les jours, le patron fait plusieurs relevés, afin d'estimer sa position. La barre manœuvrée par 2 palans, gouvernera le bateau, sur un cap donné à l'homme de quart.

De retour de campagne, le thon était vendu aux usiniers. Une femme (une senteuse !), venait vérifier la qualité du poisson, certains lots pouvaient être parfois refusés.

Ce type de bateau était vulnérable, par gros temps. Lucien en était conscient :"J'ai parfois eu peur."

Lucien a embarqué pour 3 campagnes de thon, sur l'"Etoile de Riec", comme mousse, puis novice. Le mousse était l'homme à tout faire, dont la "popote".

Après la guerre, Lucien embarque à LORIENT sur le chalutier en bois de 27 m "Les 2 Jean", comme cuistot (un gros bateau dira Lulu).

1950, Lucien termine son service militaire et embarque sur le "Bon retour" thonier à voiles, patron Jean Ollivier de Coat-Pin; il y effectuera une campagne d'été, puis sur le "Jean Charcot" chalutier bois, patron Lili Rioual......"Lili Coco", comme matelot, pour se perfectionner au chalut.

 

Fin 52, Lucien embarque sur le "Patron Couvelard", patron Henri Sellin, un bateau solide construit dans le nord.

 

Le 27 novembre 1954 , embarqué sur le "Cœur Vaillant" en pêche dans la fosse de JONES, le vent se renforce et souffle : violente tempête. La mer blanche d'écume et de très grosses vagues déferlantes s'écrasent sur le bateau, cette nuit là : on a tremblé dira Lucien.

Le bilan est lourd : 5 chalutiers seront perdus corps et biens . Plusieurs chalutiers rentreront à Concarneau, le pavois arraché, jambette cassée, passerelle enfoncée, hublots et vitres cassés.

 

En 1957, comme beaucoup de ses camarades pêcheurs, Lucien passera son brevet de patron de pêche à CANCALE, école des rimains, réputée pour ses résultats : durée des cours, 4 mois au lieu de 6 mois à CONCARNEAU, ...il fallait bosser.

 

Lucien de retour à CONCARNEAU, commandera, en remplacement, le chalutier en fer le "Bougainville". Pierre Le Bourhis, patron titulaire, lui laissera ses cartes de pêche et ses petits secrets. Les 2 marées effectuées, seront fructueuses.

 

Le capitaine de l'armement Chevanne, Le Guellec, le remarque et Lucien commandera d'autres chalutiers, puis à l'armement Villiers embarquera sur le "Midas", sister-ship de "l'Hémérica".

De ce chalutier, Lucien gardera d'excellents souvenirs : un bateau pêchant, même par gros temps, "bout à la lame". Il fera rajouter, un rouf et une dunette arrière, pour améliorer le confort et la sécurité de l'équipage.

Avec ce chalutier, il pêchera du golf de Gascogne jusqu'à Nord Irlande, dans les parages de STANTON, son grand jardin : la limande, la lotte, la morue, la raie, le merlan, églefin et le lieu jaune.

Lucien prit sa retraite, bien méritée, en 1983.