Les Chroniques de :  Jean-Michel Robert

À la recherche du requin pèlerin

En 1997, l’association pour l’Etude et la Conservation des Sélasiens (A.P.E.C.S) a mis en place une campagne d'information nationale qui invite les professionnels de la mer et les plaisanciers à faire part de leurs observations de requins-pèlerin dans les zones côtières de leur navigation. Du printemps à septembre-octobre, le requin-pèlerin se rapproche des zones côtières pour y trouver sa nourriture, notamment, du plancton qui abonde souvent au prés des bancs de sardine.

La zone entre Belle-Ile Groix et les Glénan est donc propice à ces observations car  la pêche ou la chasse du requin-pèlerin  est désormais interdite.

Concarneau  avec son usine de traitement de déchets la SFIM (1) possédait un de ces bateaux chasseur, Claude Péchenard alors Directeur de l’usine acheta en 1957 un ancien bateau  de la mer du nord  une forte  coque en  bois de 16m avec un moteur Duvant de 140 CV.

Francisé en juin 1951  il sera appelé Tom Souville.

      

Le frère de Claude, Marc  devenu Directeur de l’Usine  décide  d’installer un lance harpon sur l’avant et d’effectuer quelques modifications de la passerelle.

Le Tom Souville est  désormais Chasseur de requin-pèlerin.

 

Durant de nombreuses années il va effectuer des sorties  et ramener des « tonnes » de pèlerins qui iront directement à l’usine du Poteau Vert pour le traitement, le requin-pèlerin est apprécié pour sa chair, pour sa peau, ses os et son foie pour des huiles en cosmétique.  

Tom Souville  C C 318170

Marc Pèchenard et l’Equipage du Tom Souville 1990

(Document Christian Derrien)  

Requin-pèlerin débarqué du Tom Souville poids 8 tonnes – Mai 1968

( Document Christian Derrien - SFIM Concarneau)

 Requin-pèlerin

(Photo J.M.ROBERT Mai 1990)


 

Dans les années 1990 la rareté des prises oblige à cesser cette activité qui sera rapidement interdite.

Le bateau est radié  de la flotte le 15-11-1991 il devra  être déconstruit.

Il sera sauvé, offert au Musée à flot de Douarnenez  qu’il rejoint non sans mal car la coque mal menée durant toutes ces années donnera bien des soucis à l’équipage de conduite. 

Tom  Souville au port Musée du Port- Rhu à Douarnenez (Photo : J.M.ROBERT)

 

Au port musée son entretien exige de gros moyens financiers et le bateau est laissé pratiquement à l’abandon, en 2009 il est retiré des collections du Musée et déplacé au cimetière des bateaux à Pors An Eostig.

Cette même année une Association du Nord de la France tente de le rapatrier vers sa région d’origine mais le transport par la route va s’arrêter brusquement lors du grutage du bateau celui-ci ne résiste par à l’effort et il faut se résigner à ne pas poursuivre l’opération.

Il faudra encore attendre deux ans pour que ce qui est devenue maintenant une épave soit déconstruit à la demande de la ville de Douarnenez, le Mardi 28 juin 2011 Tom Souville achève son existence sous les coups d’un tracto-pelle.

Le Canon lance harpon et l’hélice seront gardés au Musée.

Photos: Marie-Line Quéau, Le Télégramme Douarnenez